À Lyon, certains axes font partie du paysage comme les quenelles au menu d’un bouchon : on y touche avec précaution. C’est un peu le cas du boulevard de la Croix-Rousse, artère emblématique perchée entre Rhône et Saône, qui va enfin sortir de son sommeil urbanistique en 2027. Pas question ici de tout bouleverser, mais plutôt d’insuffler un vent de fraîcheur bienvenu à une voirie qui commence sérieusement à dater.
Le projet, dans les cartons depuis belle lurette (2008, tout de même), avance enfin. Et même si les amoureux de la petite reine devront se contenter de simples bandes cyclables plutôt que d’une vraie piste dédiée, on nous promet un compromis « pragmatique », dixit Valentin Lungenstrass, adjoint aux mobilités. Objectif : respecter les usages existants tout en rendant le boulevard un peu plus respirable. Comprendre : moins de bitume, plus d’arbres, et un coup de frein pour les voitures, avec une voirie rétrécie pour inciter à lever le pied.
Un espace entièrement repensé et revégétalisé
Concrètement, la rénovation s’étendra de la place de la Croix-Rousse au collège de La Tourette, sur près de trois hectares. Trottoirs refaits, plateaux traversants pour sécuriser les piétons, conservation des stationnements, insertion des deux fameuses bandes cyclables, et surtout 159 nouveaux arbres pour habiller le tout. L’esprit du boulevard reste intact, mais on mise sur plus de fraîcheur, plus de sécurité, et un cadre plus agréable pour les habitants comme pour les promeneurs du dimanche.
Le chantier, chiffré à 11 millions d’euros (réseaux compris), sera entièrement pris en charge par la Métropole. Et si vous trouvez la facture salée, souvenez-vous qu’une partie des canalisations à rénover datait... du XIXe siècle. De quoi justifier un sérieux coup de neuf, sans tomber dans la rupture totale. Alors oui, pas de révolution verte à coups de pistes XXL, mais un lifting raisonné, un brin tardif, qui redonne au boulevard son statut de colonne vertébrale du plateau. Patience, les pelleteuses ne débarquent qu’en 2027.