S’il y a bien un quartier lyonnais qui refuse de se laisser enfermer dans une case, c’est La Guillotière. Posée sur la rive gauche du Rhône, entre le 3e et le 7e arrondissement, elle incarne à elle seule l’héritage multiculturel de la capitale des Gaules. Aujourd’hui réputée pour sa mixité sociale, ses saveurs du monde et sa scène artistique en pleine effervescence, la Guill’ n’a pas toujours eu ce visage foisonnant. Avant d’être absorbée par Lyon en 1852, elle était une commune à part entière, au caractère bien trempé.

La Guillotière en 1702
Retour rapide dans le rétro : au Moyen Âge, le faubourg se développe autour de la tête du pont du Rhône – le fameux pont de la Guillotière – qui reliait alors Lyon à la route du Dauphiné, direction Chambéry et l’Italie. L’endroit grouillait déjà de cabaretiers, d’aubergistes et de voyageurs. Une zone stratégique, donc disputée entre le Lyonnais et le Dauphiné, rattachée au mandement de Bechevelin. Ce dernier s’étalait généreusement sur ce qui est aujourd’hui une bonne partie de la rive gauche, du parc de la Tête d’Or à Saint-Fons. Bref, on était loin du petit quartier de quelques rues que l’on connaît aujourd’hui.
Un territoire longtemps indépendant de Lyon
Puis vient la Révolution française, et avec elle, un jeu de chaises musicales administratif. D’abord rattachée à Lyon, La Guillotière retrouve son indépendance en 1793 (année durant laquelle des canons sont même envoyés sur Lyon depuis La Guillotière, voir photo si après), avant de repasser dans le giron du Rhône trois ans plus tard. Les Brotteaux se développent, Monplaisir commence à sortir de terre… et le destin s’accélère. Le 24 mars 1852, la commune est officiellement annexée à Lyon, devenant le socle du gigantesque 3e arrondissement de l’époque.

Des canons tirés depuis La Guillotière vers Lyon lors du siège de Lyon en 1793 - © Bibliothèque Municipale de Lyon
Après ces multiples rebondissement, la Guillotière est aujourd’hui une mosaïque vivante. Entre les saveurs d’Afrique du Nord, d’Asie ou d’Amérique latine, les héritages ouvriers et les nouvelles galeries d’art alternatif, c’est une terre de passage, de mélange et d’histoires croisées. Une Guill’ insoumise et fière, qui continue d’écrire sa légende en marge des cartes postales...et des avis divergents.
Sources : Wikipedia, Cybèle et Tribune de Lyon