Une vidéo publiée fin mai 2025 par le People’s Daily, organe officiel du Parti communiste chinois, montre un éléphant mécanique géant transportant des passagers dans la région de Xishuangbanna, dans le sud-ouest de la Chine. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la ressemblance est troublante.
"C’est plus une fierté qu’un scandale"
Pas de plainte, ni de colère de la part de François Delarozière, le directeur artistique de la compagnie La Machine, concepteur du pachyderme nantais. Loin de s’offusquer, l’artiste se dit « amusé » par cette copie. « Ce n’est pas une reproduction identique », souligne-t-il, un brin philosophe. « La matière de la peau n’est pas la même, et la qualité du mouvement non plus. »
Pour lui, ce clone asiatique relève plus de l’interprétation maladroite que du plagiat pur. Et même si des discussions avec des représentants chinois ont eu lieu par le passé autour de la création d’éléphants en série pour des parcs d’attractions, La Machine refuse catégoriquement de standardiser ses créations. « On fabrique des objets uniques, spécialement conçus pour un lieu. »
A 15-m-tall, 25-m-long, and 60-tonne mechanical elephant strolls around a scenic spot in Xishuangbanna Dai Autonomous Prefecture, southwest China's Yunnan, delivering blessings to onlookers. In Xishuangbanna, elephants have huge cultural significance and are deeply respected. pic.twitter.com/WC6JJglCZb
— People's Daily, China (@PDChina) May 30, 2025
Être copié : le summum de la reconnaissance ?
Ce n’est pas une première, déjà après le passage en Chine du cheval-dragon Long-Ma, des copies avaient vu le jour. François Delarozière relativise : « En Chine, être copié, c’est le summum de la gloire. Un de leurs grands arts, c’est de reproduire pour vendre. »
Un clin d'œil involontaire mais révélateur, malgré l’imitation, le Grand Éléphant de Nantes reste inimitable. « Ce qu’on fait n’est pas reproductible », affirme-t-il. Car plus qu’une machine, c’est une œuvre d’art vivante, fruit d’un processus collaboratif, chargé d’émotion, de savoir-faire artisanal et de poésie mécanique.
Une œuvre, pas un produit !
Finalement, ce clone chinois vient surtout rappeler à quel point les Machines de l’île sont uniques, et combien leur démarche artistique dépasse l’objet. Derrière le bois, les vérins et les souffles d’air, il y a une aventure humaine qui ne peut pas se copier.
Moralité : on peut reproduire la forme, jamais l’âme.