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Appel au boycott : plusieurs journalistes quittent X pour lutter contre les fake news

undefined undefined 24 novembre 2024 undefined 18h00

Flora Gendrault

C’était l’un de ses moyens de communication les plus actifs, et pourtant, depuis ce mardi 19 novembre, impossible de trouver le compte de Salomé Saqué sur X. Disparu. Effacé. Ses 210 000 abonné·es devront la suivre sur une autre plateforme : la journaliste économique de Blast a choisi de quitter l’oiseau bleu de Twitter, comme nombre de ses confrères et consœurs, voire de médias entiers. 

Depuis la nomination d’Elon Musk à un ministère à haute responsabilité sous la prochaine mandature Trump, les départs vers d’autres réseaux sociaux plus régulés se multiplient. Les professionnels de l’information dénoncent la désinformation qui y régne en maître depuis que le rachat du milliardaire en 2022 pour 44 milliards de dollars.  


Un réseau favorable à l’extrême droite 

« Ça y est, j’ai supprimé mon compte X (Twitter) », a informé sa communauté Salomé Saqué sur Instagram et Thread ce mardi. La décision n’a pas été prise à la légère, tant elle postait régulièrement sur ce médium, mais renoncer à ses 210 000 abonné·es, c’est enfin exprimer son désaccord avec « un réseau structuré par et pour l’extrême droite, qui enrichit Elon Musk ». La journaliste a apostrophé ses collègues, les enjoignant à suivre le mouvement face à la haine et la désinformation qui y circulent sans entrave, et pire, sont encouragées par les algorithmes. 

Voir dans Threads

La journaliste indépendante Constance Vilanova, pourtant spécialisée pop culture et téléréalité, des thématiques alimentées par la présence des personnalités sur X, a elle aussi quitté le navire. « Il n'est plus possible pour moi de continuer à poster sur ce réseau social de plus en plus toxique qui appartient à un fasciste », a-t-elle expliqué sur Instagram. Plus largement, ce sont des médias entiers qui ont suspendu sans délai leurs publications, comme Ouest-France, premier quotidien régional Français, puis Sud-Ouest, mais aussi les journaux britannique The Guardian et espagnol La Vanguardia. 


Une dynamique peu constructive ?

Cette vague de départ vise à protester contre les licenciements de nombreux modérateurs, le nouveau système de certification ou encore la hausse de contenus à caractère complotiste, violent, sexuel, haineux sur X. Cependant, certains médias désapprouvent. « Ce n’est pas une bonne idée de fermer ses comptes sur X », a fait valoir El País : le journal espagnol pointe que déserter la plateforme n’empêchera pas aux fausses informations de circuler au travers d’un réseau social toujours massivement utilisé par 326 millions d'utilisateur·ices mensuels. « Pour endiguer la toxicité et les infox sur les réseaux, il est préférable d'y dénoncer les messages haineux et d'y diffuser des informations véridiques », préconise-t-il. Même constat pour le journal grec Politis, pour qui cette dynamique marque une « grande défaite pour les médias » en « mettant le public face à un dilemme : c'est 'eux' ou ‘nous’ ».  


BlueSky, une alternative à X qui séduit  

Si les journalistes déserteur·ices se rabattent sur leurs réseaux sociaux de prédilection - Instagram le premier -, une nouvelle plateforme fait beaucoup parler d'elle depuis l’élection américaine : BlueSky. On lui retrouve le bleu de Twitter, mais également l’interface et le concept : « Offrir un réseau social ouvert et décentralisé », promet son fondateur Jack Dorsey, où partager des textes, des discussions, des idées… À la manière d’un Threads, rapidement envisagé comme une alternative à X par les journalistes lors de son lancement en 2023. 

Si le dernier né de Meta tient l’avance avec 275 millions de membres actifs mensuels, BlueSky peut se vanter d’une explosion impressionnante d’utilisateur·ices suite à la victoire de Donald Trump, passant rapidement la barre des 20 millions. D’après une étude de Similarweb, le nombre d’utilisateurs actifs par jour de Bluesky aux États-Unis dépasserait même celui de Threads. Au fil des prochains mois et selon les équilibres politiques, de nouvelles pratiques pourraient ainsi rebattre les cartes de l’information en ligne.